Calculer les cotes au poker est la clef pour atteindre rapidement un niveau de jeu correct. Appliquée de manière systématique, cette méthode vous rend pourtant trop prévisible, quand elle n’est pas tout simplement inopportune.
Voici comment prendre des décisions plus avisées que celles fondées uniquement sur les probabilités.
Les cotes en tournoi et en cash game
Ces deux formats de jeu nécessitent une approche des cotes assez différente.
- En tournoi, la perte de tous vos jetons signifie l’élimination définitive. Parfois, il vous faudra donc faire abstraction de la cote dans le but de préserver votre stack ou tas de jetons, élément très important en MTT (Tournois multitables).
- En cash game, vous pouvez théoriquement recaver (remettre de l’argent en jeu) à l’infini. Par conséquent, prendre ses décisions en fonction d’une cote favorable demeure un calcul gagnant sur le long terme. De plus, les tapis sont généralement profonds et la cote implicite prend donc tout son sens. Au contraire, lorsqu’en tournoi les tapis sont moyens, ce qui est souvent le cas jusqu’aux places payées, l’usage de cette cote demeure moins utile.
Dans les 2 cas, n’oubliez pas que si vous misez uniquement en fonction des cotes, les adversaires le comprendront facilement et vos mains deviendront plus facilement lisible. Par exemple, miser 33% de la taille du pot à chaque fois que vous avez un tirage couleur potentiel incitera un adversaire malin à vous relancer afin de “casser” votre cote.
La priorité en tournoi : préserver son stack
Dans certaines situations, c’est le point le crucial qui fera pencher votre décision en tournoi : avoir la cote sera alors anecdotique et s’y fier une erreur. Tout dépendra du rapport entre les blinds et antes et la taille de votre stack.
Raisonner en termes de blocs
En tournoi, on parle de “blocs” à propos des différentes tailles de tapis (bloc à 10 blinds, bloc à 20 blinds ect..). Chaque bloc offre certaines possibilités qui lui sont propres et cela relève de la gestion de son stack au poker.
- Avec 20 blinds, on dispose de la possibilités d’envoyer son tapis sur une simple relance adverse (on appelle cela le resteal), avec une range ou variété de mains plutôt large.
- Avec 30 blinds, on peut se permettre d’effectuer des 3bet light, c’est-à-dire un semi-bluff consistant à relancer pré-flop un adversaire qui vient de relancer, et avec une main médiocre comme [iJc][i9ca].
- Les plus faibles blocs restent ceux dans lesquels l’on veut éviter de se retrouver et où préserver son stack est une question plus pressante que dans les blocs supérieurs.
Par exemple, passer de 80 blinds à 60 blinds n’est pas dramatique et ne changera pas votre façon de jouer, cependant passer de 30 blinds à 10 blinds va totalement bouleverser votre stratégie.
Conséquences sur l’usage des cotes
Dans une situation où changer de blocs est préjudiciable, il faut se montrer très prudent. Si vous avez une bonne cote pour payer un tapis avec une main médiocre, le mieux est de la laisser tomber afin de conserver un stack confortable, même si les mathématiques vous encouragent à payer.
Préserver son stack prend une dimension plus primordiale encore dans la bulle, ce moment décisif lorsque vous serez en passe d’atteindre les places payées. L’ICM entre alors en jeu, tout comme dans certaines tables finales où les paliers entre chaque place sont énormes, ou encore comme dans les satellites. Dans ces situations où chaque place est importante, il n’est pas question de mettre son tournoi en danger dans des cas de figure marginaux uniquement parce que la cote indique qu’un call est correct.
Attention aux cotes inversées !
On parle de cote implicite inversée quand vous obtenez une très bonne cote directe mais avec une main qui peut par la suite nous faire perdre beaucoup de jetons. Beaucoup de joueurs vont compléter leur petite ou grosse blind, obtenant par-là une bonne cote directe et pensant donc jouer correctement.
Cependant, certaines mains comme des figures mal accompagnées type [iRc][i5t] ou des as faibles comme [iAp][i3ca] vous feront souvent perdre beaucoup. Vous penserez avoir la top paire mais l’adversaire l’aura également accompagnée d’un meilleur kicker avec [iAt][i10c], ou encore vous aurez deux paires face à deux paires supérieures. Il vaut mieux parfois renoncer à une belle cote si elle ne s’avère à la réflexion qu’un cadeau empoisonné sur le long terme.
Sachez aussi que même si vous aurez souvent 30% d’équité préflop, vous verrez rarement les 5 cartes du board (flop, turn et river) si vous avez un stack bien plus faible que celui de l’adversaire. En effet, n’oubliez pas que si vous payez pré-flop, et pire encore sans la position au poker, vous devrez très certainement payer aussi au flop, puis encore à la turn et à la river. Vulnérable et facilement bluffable, vous devrez abandonner le coup avant et cela rendra finalement l’espérance financière de celui-ci négative.