Après vous avoir expliqué comment fonctionne un bookmaker, examinons de plus près un métier crucial mais mal connu du public dans le milieu des paris sportifs : celui de “trader”.
L’établissement des cotes, qui en est le coeur, ne s’improvise pas. Voici les pré-requis si vous deviez un jour postuler chez Betclic, PMU ou Unibet.
Les rôles du trader chez un bookmaker
Fixer les cotes
Lorsque l’on évoque le métier de trader, on l’associe le plus souvent à la Bourse : il consiste dans les très grandes lignes à acheter et vendre des actions en fonction d’un certains cours qui reflète la confiance en les performances de tel ou tel produit financier (exemple : les actions de LVMH).
Chez un bookmaker, le trader en paris sportifs a pour mission de fixer les cours d’issues sportives possibles, à savoir les cotes. Ce sont sur elles que parient les joueurs et son rôle est de décider en fonction de différents critères pourquoi, par exemple, la cote du PSG face à l’ASSE sera de 1,3 :
- analyse des probabilités “objectives”. La récolte des données brutes est généralement sous-traitée chez des sociétés spécialisées qui fournissent aux traders leurs rapports.
- affinage des cotes en prenant en compte la rentabilité pour le bookmaker
- ajustements en fonction du comportement des parieurs. Par exemple, la plupart des joueurs misent sur les équipes dont la victoire semble évidente.
Puisqu’en France, les parieurs sur le sport misent non pas de manière mutuelle mais contre le site de paris sportifs, l’analyse des risques est une dimension cruciale du métier. Une erreur dans les pronostics et l’établissement des cotes signifie des pertes importantes pour l’opérateur pouvant se chiffrer en dizaines de milliers d’euros.
Attirer de nouveaux parieurs
Posséder des cotes attractives est en soi un atout pour un bookmaker. Cependant, cela ne suffit pas à inciter de nouveaux parieurs à le rejoindre et à faire la différence face à la concurrence.
C’est pourquoi en fonction de son expérience, un trader est souvent amené à collaborer avec le département marketing, que ce soit à titre purement son consultatif ou de manière opérationnelle. Il peut par exemple participer à la mise en place d’opérations promotionnelles (bonus de bienvenue, challenges, paris combinés spéciaux…).
Plus généralement, son écoute permanente du marché est indispensable pour prendre les bonnes décisions. Il peut trouver appui dans les rapports réguliers de l’Autorité de Régulation des Jeux En Ligne sur les comportements des joueurs. De même, il doit être vigilant face aux évolutions de la législation. Par exemple, après l’affaire Karabatic, les paris sur les matchs sans enjeux ont été interdits, avant de revenir légaux quelques mois plus tard. Les décisions régulières de l’ARJEL sur les types de paris autorisés l’obligent ainsi à effectuer une veille réglementaire.
Des profils variés
Pas de formation dédiée mais…
A l’heure actuelle, aucune formation ne peut se targuer de former réellement à ce métier. Il faut dire qu’il s’agit d’une profession plutôt marginale y compris au sein des métiers liés au sport. En conséquent, peu de traders le sont devenus par vocation, mais plutôt par hasard après des études variées et avec en arrière-plan une réelle passion pour le sport.
Ce métier étant clef chez un bookmaker, un minimum de Bac + 3 est souvent exigé dans les annonces. Le plus souvent, sont attendues des connaissances en :
- webmarketing, et plus généralement une grande familiarité avec l’informatique et le web
- finance
- mathématiques (spécialité statistiques)
- droit (même basiques… mais pas une ignorance totale)
- et naturellement en sport, éléments concrets à l’appui si possible (par exemple une licence de foot ou de tennis, les disciplines phares ; diplôme d’une école des métiers du sport comme l’ILEPS ; …)
La spécialisation dans un championnat particulier, par exemple la Bundesliga, reste appréciée. En effet, elle permet de fixer des cotes d’autant plus pertinentes et un trader est toujours spécialisé chez un bookmaker important.
Les qualités requises
Très exigeant, ce métier ne convient pas à quiconque connait bien le sport et le marketing. Il faut encore être capable d’endosser la responsabilité importante liée au fonctionnement des cotes, surtout lorsque l’on est amené à travailler sur un sport stratégique comme le football, et pis encore sur un événement central comme une coupe du monde. C’est d’ailleurs pourquoi un ex-trader dans la finance ayant l’habitude de la pression et souhaitant se reconvertir peut être tenté par la profession.
Par ailleurs, il faut être prêt à travailler avec des horaires très flexibles, puisque les championnats ont souvent lieu en soirée ou durant le week-end.
En contrepartie, la rémunération est attractive : 2 000€ mensuels net sont un minimum et les plus expérimentés peuvent recevoir, outre 5 000€ par mois, diverses primes liées à leurs performances.