L’affaire Jontay Porter a ravivé le débat autour d’une meilleure régulation de l’industrie du pari sportif.
Les responsables des principales ligues US cherchent à mieux encadrer le sportsbookproposé aux joueurs sur les sites de pari. Une tâche qui est loin d’être simple.
Modification du sportsbook : prometteur, mais limité
Les ligues sportives, dont la NBA, discutent avec leurs partenaires bookmakers des modifications potentielles pour prévenir la corruption future.
La NHL a déjà pris quelques mesures. Elle demande aux bookmakers dont elle est partenaire de ne pas proposer certains paris, notamment sur des statistiques difficiles à déterminer. Par exemple : le pari Plus/Moins sur le nombre de coups d’un joueur.
Cette initiative est une bonne nouvelle, mais son impact reste limité. Les ligues ne peuvent influencer que les sites de pronos avec lesquels elles ont noué un accord. Elles n’ont aucune prise sur les autres bookmakers.
La réduction des mises : une bonne idée ?
Réduire le montant maximal des paris : voilà une piste envisagée pour réduire les tentatives de manipulation.
Cette mesure a déjà été adoptée il y a plus de 10 ans par certains sites européens, après qu’ils aient ouvert au pari des matchs de bas niveau.
La possibilité de jouer sur ce type d’évènement a créé une fenêtre pour les trucages. Les opérateurs ont alors réagi en abaissant le plafond de mise.
Mais est-ce que cette initiative sera adoptée par les bookmakers US ? Rien n’est moins sur.
Le marché noir : réalité ou chiffon rouge ?
Les opposants à l’encadrement du sportsbook arguent que les joueurs risquent de se détourner des sites réglementés pour aller chez la concurrence… voire sur le marché noir.
C’est en tout cas ce que croit Jennifer Aguiar, responsable de la conformité chez Draft Kings : « Nous croyons qu’une interdiction totale de certains paris dans le marché réglementé aboutirait à ce que ces paris soient effectués et renforceraient ainsi le marché illégal déjà robuste. »
Le marché clandestin des paris a enregistré un total estimé de 63,8 milliards de dollars de paris en 2022. Ces chiffres proviennent d’une analyse du groupe de lobbying de l’industrie, l’American Gaming Association.
La tendance à se déplacer vers le marché noir existe. Mais le principal problème est l’absence de réglementation au niveau fédéral. La gestion des sportsbook est laissée aux bookmakers locaux.
Loi nationale sur l’encadrement des paris : une utopie ?
Deux projets de loi fédéraux visant à réinitialiser l’industrie des paris sportifs ont été introduits au Congrès. Le premier cible la publicité et l’autre le traitement de la dépendance au jeu.
Mais des sources de la ligue reconnaissent que l’industrie du jeu, qui s’oppose à l’intervention fédérale, a une forte influence à Washington. En plus, le Congrès américain n’a pas montré beaucoup de désir de s’impliquer.
Le paysage des paris sportifs aux États-Unis est en plein changement. Les ligues, les bookmakers et les autorités gouvernementales travaillent ensemble pour garantir une expérience de jeu équitable et transparente.
À l’heure actuelle, aucun consensus ne se dégage ni sur le cadre légal à privilégier ni sur les méthodes pour y parvenir.