Que vous veniez à peine de maîtriser la valeur des mains du poker ou que vous pratiquiez le jeu depuis déjà plusieurs mois, certaines règles fondamentales doivent être suivies pour progresser.
Nous recommandons fortement de les suivre à quiconque est désireux de gagner plus souvent et d’éviter de perdre son argent sur les rooms.
Seuls les joueurs les plus avertis peuvent se permettre de transgresser certains, mais même avec une pratique de haut niveau, la plupart restent valables en toutes circonstances.
1 – Jouez serré
Le péché classique des débutants est de jouer à peu près toutes les mains, y compris jusqu’à la river “au cas où…”. En réalité, seules quelques-unes valent la peine d’être jouées avant le flop :
- [iAc][iAt], [iRp][iRca] et [iAt][iRc], les meilleures de toutes
- les paires au-dessus de 7 : [i8c][i8t], [i9ca][i9t], [i10ca][i10p], …
- les As avec un bon “kicker”, c’est-à-dire accompagnés d’une carte supérieure à 7 : [iAca][i10t], [iAp][iDp], [iAc][iJca], [iAc][i9t]…
- les cartes qui se suivent, assorties ou dépareillées, surtout s’il s’agit de figures : [iJc][i10c], [i8t][i9ca], [iDp][iRp], …
Ce sont de telles mains qui ont le plus de potentiel : par exemple, pré-flop, vous avez 80 % de chances de gagner contre un adversaire si vous recevez une paire d’As.
Au contraire, d’autres sont à bannir, surtout au début : ce sont les mains sans figure, qui ne se suivent pas, sans réel intérêt. La plus emblématique est le fameux 7-2 dépareillés, tel [i7ca][i2p], car :
- au moins un adversaire aura une paire supérieure à 7, et toucher un brelan reste très rare
- vous n’avez pas de possibilité claire de suite : un flop archi-favorable vous apportera peut-être 3, 4 et 5, mais vos chances de toucher le 6 au turn ou à la river sont infimes…
- le fait qu’ils soient dépareillés réduit considérablement vos chances d’obtenir une couleur ; et quand bien même, l’adversaire peut en avoir une supérieure à votre 7
En somme, savoir jeter sa main pré-flop est le premier pas vers le poker gagnant.
2 – Apprenez le calcul des cotes
Ce second commandement découle du premier. Avec certaines mains et selon les cartes communes, vous avez un pourcentage de chances plus ou moins élevé de remporter le coup à long terme. Ce sont en effet les statistiques dans la durée qui réduisent considérablement la part de hasard dans le jeu.
Calculer sa cote au poker permet d’estimer 3 choses :
- vos chances de toucher une belle main en fonction de vos cartes et du flop. “J’ai [iRc][i9t] et le flop est [iJca][i10t][i2p], quelles sont mes chances d’avoir une suite au turn ou à la river ?” Le calcul des cotes vous apprend qu’elles sont de 32%, et donc qu’en de telles circonstances, vous remporterez très certainement le coup 1 fois sur 3.
- le rapport entre la hauteur de la mise adverse et la taille totale du pot. Si par exemple le pot était de 500 et l’adversaire mise 300, le rapport est de 60 %.
- si vous allez payer trop cher ou non la carte suivante, en comparant vos chances et la mise exigée. Dans notre exemple, l’adversaire veut vous faire payer trop cher car le rapport entre sa mise et le pot est supérieur, et de loin, à votre cote.
Vous le voyez, le calcul des cotes vous aidera à prendre des décisions gagnantes sur le long terme. Vous en connaîtrez le détail dans cet article dédié.
3 – Misez selon vos moyens
Ce commandement est double :
- Prenez bien soin de vous fixer une somme limite à jouer par mois, que ce soit en ligne au moment de votre inscription ou avant votre entrée dans un casino. Bref, contrôlez la part de votre budget que vous pouvez vous permettre de consacrer au jeu.
- Participez aux parties à hauteur non seulement de votre niveau, mais encore de votre compte. Admettons que vous ayez 50€ dessus : allez-vous les jouer en intégralité en payant un buy-in équivalent ? Quelles que soient vos qualités de joueur, vous iriez ainsi droit à la banqueroute. Vous devez donc bien gérer votre bankroll.
4 – Effectuez des relances mesurées
Il y a 2 excès dans les relances :
- ne pas en faire du tout, ce qui est l’apanage des parfaits débutants que les joueurs avancés prennent plaisir à plumer
- le faire beaucoup trop fort, ce qui fait fuir tout le monde et ne permet d’encaisser que des pots minimes
Avant de relancer, demandez-vous pourquoi vous le faîtes. Est-ce parce que vous tentez un bluff, et dans ce cas, il faudra effectivement relancer fort ? Est-ce seulement pour faire grossir un pot dont vous savez qu’il vous reviendra ? Est-ce pour tirer partie de la position ? Est-ce un 3-bet ? … Si la chose est claire pour vous, une mise adaptée en découlera.
5 – Jouez la position
Le grand champion Phil Ivey affirmait dans une interview que même avec [iAc][iAp], sans la position, il perdrait contre sa grand-mère… C’est dire l’importance de votre place à table quelle que soit votre main par ailleurs.
Même avec [i7p][i2t], en étant premier de parole, vous pouvez toujours au moins voler les blinds. Avec les as en mains, de grosse blind et face aux fortes relances d’un adversaire après le flop, vous craindrez qu’il n’ait touché un brelan ou toute autre main meilleure ; et lui pensera que vous ne faites que défendre votre blind. La chose est à double tranchant : il peut vous bluffer… ou pas.
Pour cette raison et beaucoup d’autres exposées dans notre article correspondant, la plupart des grands joueurs jettent presque systématiquement leur main lorsqu’ils sont en début de parole. A long terme, la chose vous sera favorable, à mois que vous ne receviez [iAc][iAt], [iRp][iRca] ou [iAt][iRc].
Dans la vidéo qui suit, observez cette démonstration de la force de la position par Phil Ivey :
6 – Faites attention à la bulle
La bulle est la phase charnière d’un tournoi de poker : c’est le moment où les uns basculent du côté des perdants à quelques places près, tandis que d’autres repartiront avec au minimum le montant qu’ils ont déboursé pour participer. Aussi s’agit-il de jouer soigneusement :
- si vous avez un tas de jetons (stack) plutôt faible, essayez de tenir jusqu’à l’éclatement de la bulle, c’est-à-dire jusqu’aux places payées. Avec un peu de patience, d’autres finiront par perdre leur stack et vous hisseront de ce fait parmi les gagnants.
- si votre stack est modeste, vous devez à la fois éviter les mises excessives pour ne pas vous retrouver dans une situation délicate et essayer de vous accaparer des jetons pour avancer dans le tournoi par la suite.
- s’il est important, votre objectif est de le faire grossir toujours plus, et pourquoi pas en vidant le stack des plus faibles…
7 – Equipez vous d’un logiciel assistant
En plus du logiciel de votre room, un logiciel assistant de poker supplémentaire vous sera très utile à terme. Il en existe 2 grands types :
- les “trackers” : ils vous permettent de prendre des notes sur vos adversaires. A force de jouer, vous finirez par retomber sur certains d’entre eux, et vous serez heureux d’avoir noté qu’untel relance systématique au flop, untel se couche dès que l’on mise plus de 5 grosses blindes, qu’untel joue strictement en fonction des cotes…
- les calculateurs : il calculent vos probabilités en fonction de votre main, pré-flop-, au flop, au turn et à la river. Les plus perfectionnés calculent aussi la cote de votre pot et vous permettent de comparer en un instant les 2 afin que vous preniez votre décision.
Les solutions les plus complètes couvrent les 2 fonctionnalités. C’est par exemple le cas de Calculatem Pro, l’un des softwares ayant le plus de notoriété parmi les joueurs en ligne avertis.
8 – Ne prenez pas de risques inutiles
Rien ne sert de s’enflammer dès que l’on touche une paire ou une belle main comme [iAc][iJca]. A la bulle d’un tournoi, face à un adversaire serré qui a potentiellement une paire d’As ou mieux, pourquoi risquer de tout perdre ?
De même, l’on tombe régulièrement en ligne sur certains qui font tapis pré-flop systématiquement. Même si à l’évidence ils bluffent, essayez de vous accaparer leurs jetons avec une main premium et non avec une paire de 5… Sinon, il suffit qu’ils obtiennent mieux, et la suite de votre parcours dans ce tournoi sera plus que compromise…
Enfin, évitez de “jouer la chance”. Si seul un valet à la river peut vous faire obtenir votre suite et que votre adversaire vous fait payer l’équivalent du pot, ne suivez pas : vos probabilités de l’obtenir sont infimes même si le gain serait alors conséquent. Ce serait exactement comme miser gros sur un unique numéro à la roulette.
9 – Valorisez vos bonnes mains
Se faire servir une belle main est rare. Vous ne devez donc absolument pas rester passif en vous contentant de checker ou de suivre durant tout le coup, surtout en espérant que sorte un As ou un Roi pour compléter votre [iAp][iAc]…
- Pré-flop : misez à hauteur de 4 ou 5 grosses blindes pour écarter les adversaires qui ayant reçu une main médiocre. Moins vous aurez d’adversaires, plus vous aurez de chances de remporter le coup.
- Au flop : si vous avez la position, vous devez effectuer un continuation-bet, c’est-à-dire une mise à hauteur d’au moins 1/3 du pot. Il s’agit d’un semi-bluff : les autres joueurs peuvent y voir un signe que vous aviez dès le début en mains une paire très élevée, et s’ils suivent, vous pouvez de toute façon toucher une grosse paire.
- Au turn et à la river : ne vous arrêtez pas de miser, sauf si une couleur pour l’adversaire ou une autre très grosse main sont évidentes. Si vous commencez à checker, vous sèmerez le doute sur votre force, et vous ferez face à une importante mise, voire un tapis adverse : que ferez-vous alors ?
10 – Apprenez à vous coucher à temps
Hors position, ou face à de fortes mises ou relances, il est toujours délicat de suivre, même avec une belle main. La plupart du temps, mieux vaudra vous coucher avant d’y laisser trop de jetons simplement parce que vous vous êtes obstiné…
Et surtout, ne tombez pas dans la passivité des débutants, qui consiste à suivre jusqu’à la river même avec rien “pour voir”. Parfois, il faut savoir coucher même les As avant de tout perdre lorsqu’une main adverse supérieure est évidente. De la même manière, toucher une couleur est une bonne chose, mais avec un 4 ou un 5, il y a de très fortes chances pour votre ennemi ait une couleur supérieure.
C’est l’expérience qui vous fera assimiler les cas de figure où il est très rentable de savoir se coucher au poker. Dans le 1er commandement, nous avons évoqué le cas le plus simple qui a lieu pré-flop. Post-flop, c’est en jouant des milliers de mains face à des joueurs très différents que vous acquerrez cette sorte de sagesse pratique qui vous dictera quand vous devrez renoncer.
Dans la vidéo suivante, un joueur en vient même à couchez ses As pré-flop ! La suite lui donne entièrement raison : un adversaire touchera un carré dès le flop !