La Ligue de Football Professionnel a requis de fortes sanctions contre des joueurs et des dirigeants, accusés d’avoir parié sur leur propre sport. Une pratique interdite.
Pour démasquer les fraudeurs, la LFP a procédé à un croisement de fichiers avec la Française des jeux et l’Autorité Nationale des Jeux. Le 13e du genre depuis la saison 2013-2014.
Des condamnations pour les joueurs, dirigeants et entraîneurs
Le coup de filet de la LFP concerne tout l’écosystème du football professionnel, aussi bien les joueurs que les cadres.
La plus forte sanction est revenue à l’entraîneur des gardiens du PSF Féminines Guillaume Lemire : 4 matchs de suspension et 1 000€ d’amende.
Juste derrière lui, on retrouve Samy El Khia (Quevilly Rouen Métropole), condamné à 4 matchs de suspensions et 2 000€ d’amende avec sursis.
Certains « gros » noms figurent aussi dans la liste, comme l’attaquant brestois Irvin Cardona, le gardien auxerrois Donovan Leon ou le défenseur central nantais Jean-Charles Castalletto.
Concernant l’encadrement, on remarque la présence de Cédric Hengbart (Stade Malherbe — entraîneur adjoint), Vincent Planté (FC Chambly — entraîneur des gardiens) et Sylvain Monsoreau (Sochaux — entraîneur de la réserve).
De nombreuses campagnes de prévention
Les sanctions prononcées contre les professionnels du foot sont d’autant plus sévères que la LFP et l’UNFP font de la prévention au quotidien auprès des clubs.
Les acteurs du foot (joueurs, entraîneurs ou dirigeants) qui participent aux compétitions de la FFF et de la LFP n’ont pas le droit de parier sur l’univers du ballon rond. Que ce soit en ligne ou dans un réseau physique.
Le Code du Sport interdit cette pratique ( voir les articles L131-16 et D 131-36-1), tout comme les CGU des bookmakers.
Comme le rappelle l’UNFP dans un communiqué publié sur son site il y a quelques années, les paris sportifs sont « un sujet qu’il ne faut surtout pas considérer à la légère, et qui mêle, entre autres, éthique des compétitions, corruption, addiction, peut avoir des retombées disciplinaires, voire impacter le contrat de travail des footballeurs ».
Paris en ligne : une addiction bien au-delà du cercle sportif
Les paris sportifs sont depuis de nombreuses années dans la ligne de mire des législateurs. Ceux-ci réclament une réglementation plus sévère pour éviter les dérives.
Dernièrement, le groupe communiste à l’Assemblée Nationale a déposé un projet de loi visant entre autres à interdire les offres de bienvenue. La raison ? Elles ont un pouvoir d’attraction trop important.
La volonté de faire du pari sportif un problème de santé publique est largement contestée par les opérateurs. Notamment par Nicolas Béraud, le fondateur de Betclic.
Dans une interview donnée à l’issue de la Coupe du Monde 2022, il rappelle que les joueurs ont en moyenne dépensé 5€ par semaine sur la compétition.
Certes, les profils à risque existent. Mais les bookmakers les détectent rapidement et prennent alors des mesures adéquates : prise de contact avec le joueur, limite de mise, rappel des procédures d’autoexclusion… C’est en tout cas les mots de Nicolas Béraud.
Ce discours relève de l’hypocrisie selon Lionel Maugain, qui est l’auteur d’une enquête sur les parieurs pour le magazine 60 Millions de consommateur.
Le journaliste déclarait dernièrement au micro de France Info : « Les joueurs qui sont dans l’addiction sont signalés en vert, et on va les inciter à jouer de plus en plus. »
Une chose est certaine : les paris n’ont pas fini de faire parler d’eux. Que ce soit en dedans ou en dehors du sport professionnel.